Voyage au centre de La Provence
Dans le cadre du « projet Presse » mis en place par leur professeur d’histoire-géographie, les élèves de seconde F se sont rendus jeudi 28 janvier 2016 au siège du quotidien La Provence et ont été accueillis par Mme Cottin, journaliste.
Le journal La Provence est situé dans les quartiers nord de Marseille. Il est l’héritier d’un passé prestigieux, lié à la Seconde Guerre mondiale. Qu’en reste-t-il aujourd’hui dans un contexte national très tendu dans le domaine de la presse ?
Un journal né à la Libération
Gaston Defferre s’est emparé du journal en août 1944 lors de la Libération de Marseille. « Le petit Provençal» devient alors le Provençal – de gauche -, et Gaston Defferre rachète le journal le Méridional – de droite -. Les deux journaux de tendances politiques opposées ont longtemps été rédigés par deux équipes de journalistes différentes, au sein des mêmes locaux. Mme Cottin n’hésite pas à parler d’un « Mur de Berlin qui séparait alors les deux salles de rédaction ».
En 1986, le patron de presse et maire de Marseille Gaston Defferre meurt. L’année suivante, sa veuve Edmonde Charles-Roux, qui possédait encore son bureau dans les locaux du journal, vend les journaux au groupe Lagardère.
Dix ans plus tard, le 4 juin 1997, la fusion des deux titres donne naissance à La Provence ouvrant ainsi une nouvelle page dans l’histoire du journal. Très récemment, Bernard Tapie, homme d’affaires passé un temps en politique et lié à l’O.M. a racheté le journal La Provence.
Celui-ci est aujourd’hui vendu dans trois départements, les Bouches du Rhône, les Alpes de Haute Provence et le Vaucluse. Le siège du journal reste ouvert 365 jours par an, 24 heures sur 24 ; il est organisé en « open-space » avec quelques bureaux privés selon le niveau de responsabilité.
Immersion dans les locaux modernes de La Provence
La rédaction, au deuxième étage, se compose de plusieurs pôles : le pôle Internet, celui consacré à la Une, un autre en charge des informations « générales », nationales et internationales, de la météo, des faits divers, du sport ou encore de la culture.
Dans le monde de la presse, il existe une hiérarchie de l’information, permettant de classer l’information selon son importance en fonction de l’actualité du moment. La structure du journal et les informations sont choisies lors des réunions de 10h et de 17h qui s’organisent avec l’ensemble des chefs de rubriques et de pôles. L’impression du journal commence à 23h pour les éditions les plus éloignées de Marseille (Alpes de Hautes Provence).Il est bouclé à 1h du matin et imprimé à 4h pour l’édition marseillaise.
La Provence est tiré en 12 éditions à 150 000 exemplaires. Elle utilise environ 30 bobines de 22 km de papier recyclé par nuit soit une distance Marseille – Bordeaux ! Environ 30 à 40 tonnes de papier et 700 kg d’encre chaque nuit sont nécessaires à son impression. Cette production implique un coût de fabrication élevé qui est couvert grâce à la publicité, les abonnements et les ventes au numéro.
Les lecteurs peuvent ainsi lire leur journal dès le matin en l’achetant ou en consultant le site internet. Le site web de La Provence, qui est le 3ème site le plus lu de la presse quotidienne régionale en France, occupe une telle place qu’il annonce le recul désormais inéluctable du quotidien papier.
Le journalisme, une passion
Le siège de La Provence regroupe 180 journalistes sur un total de 600 personnes qui y travaillent actuellement. Le journalisme est un métier minutieux, prenant, exigeant, parfois décrié car la recherche de vérité peut déranger. C’est par passion de l’information, de l’échange et des rencontres que les journalistes choisissent cette profession.
Contrairement aux idées reçues, les journalistes ne voyagent pas forcément beaucoup. Mme Cottin insiste sur le fait que « le journalisme ne se résume pas à des paillettes » . Elle rappelle que seuls les journalistes qui suivent les péripéties de l’OM profitent de déplacements nationaux et internationaux. Ordinairement , La Provence dispose d’un bon réseau de correspondants. Le salaire d’un journaliste à bac +5 (faculté puis école de journalisme) n’est généralement pas très élevé. Ce métier permet cependant de s’épanouir si l’on aime tout ce qui se rapporte à l’information, l’actualité.
Malgré les bouleversements que connaît la presse actuelle, le journal La Provence – au prix d’une grande modernisation visible dans la salle d’imprimerie- résiste plutôt bien. Mme Cottin ne cache cependant pas que l’avenir est au numérique et qu’il est loin le temps où elle assistait au travail de typographie. Elle en garde une grande nostalgie.
Article rédigé par Myriam Gabel, Eva Rof Sanchez, Claire Sambuc, Aziz Aouni, David Sapondjian et Arthur Fardoulis.