Exercice de style à partir d’un taille-crayon

En cours de français, les élèves de 2B devaient réaliser un pastiche de “La Pomme de terre” de Francis PONGE. Le thème était “Tailler un crayon à la manière de F. PONGE”.

  • Voilà ce que Marie a écrit:

Tailler un crayon neuf est un plaisir de choix

La position des doigts est fort utile, si l’index est placé trop haut le noble outil prend le risque de s’élancer vers le sol et de briser sa mine interne, si le pouce presse trop fortement le morceau de bois, la douleur ressentie supprimera tout plaisir au tailleur.

L’on doit, une fois l’objet mis dans une position conforme à sa transformation, le plonger dans un ustensile du nom ingénieux de taille-crayon.

La beauté du geste – la rotation de la pyramide métallique – déterminera la juste taille de la baguette encore inutilisable.

Le mouvement du poignet – ni trop sec, ni trop saccadé – nous permettra un traitement de faveur et, ainsi, améliorera la calligraphie – astuce de la part de l’artiste si l’écriture n’est point encore en forme -.

Trois tours complets sont en général nécessaires au parfait accomplissement de l’acte. Message attentionné : le crayon ne pourra satisfaire longuement s’il s’approche de manière trop régulière de son pair. Si le cas est, sa forme pyramidale ne vous manquera que trop.

  • Voilà ce que Francis Ponge a écrit:

La pomme de terre (extraits)

Peler une pomme de terre bouillie de bonne qualité est un plaisir de choix.
Entre le gras du pouce et la pointe du couteau tenu par les autres doigts de la même main, l’on saisit — après l’avoir incisé — par l’une de ses lèvres ce rêche et fin papier que l’on tire à soi pour le détacher de la chair appétissante du tubercule.
L’opération facile laisse, quand on a réussi à la parfaire sans s’y reprendre à trop de fois, une impression de satisfaction indicible.
Le léger bruit que font les tissus en se décollant est doux à l’oreille, et la découverte de la pulpe comestible réjouissante.
Il semble, à reconnaître la perfection du fruit nu, sa différence, sa ressemblance, sa surprise — et la facilité de l’opération — que l’on ait accompli là quelque chose de juste, dès longtemps prévu et souhaité par la nature, que l’on a eu toutefois le mérite d’exaucer.

C’est pourquoi je n’en dirai pas plus, au risque de sembler me satisfaire d’un ouvrage trop simple. Il ne me fallait — en quelques phrases sans effort — que déshabiller mon sujet, en en contournant strictement la forme : la laissant intacte mais polie, brillante et toute prête à subir comme à procurer les délices de sa consom­mation.