Expresso 2024
Expresso 2024 : ” Sociologie du festival Expresso “

Expresso 2024 : ” Sociologie du festival Expresso “

Avertissement:

Cet article a été réalisé dans les conditions du “contre-la-montre” lors de la 19e édition du festival Expresso de la presse jeune à Paris dans la nuit du 27 au 28 avril 2024.

Il correspond à un sujet libre réalisé en ” free style “,  en supplément.

Allergiques au second degré, s’abstenir !

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Nous avons tenté de mener une sociologie du festival Expresso, sur la base d’un échantillon représentatif de 3 478 participants qui ont bien voulu répondre à notre sondage.

Ce sondage portait d’abord sur leur milieu social (« D’où venez-vous ? »), ce à quoi ils nous ont répondu à l’unanimité – et sans complexe – qu’ils étaient « bourgeois et fiers de l’être » (3 478 réponses sur 3 478). La plupart (82%) voient même dans le festival un moyen de protéger leurs intérêts objectifs de classe : Expresso serait un outil de reproduction sociale pour une bourgeoisie désireuse de préserver ses acquis en termes de capital culturel. Une minorité (24%) fait même d’Expresso l’expression d’un rapport social. Pour autant, il ne faut pas tomber ici dans un écueil trop compréhensif et prendre du recul par rapport aux témoignages qui nous ont été donnés. Moins que des bourgeois, les festivaliers sont en réalité des petit-bourgeois désireux de toucher du doigt la culture légitime sans pouvoir effectivement y parvenir : le journalisme, en effet, n’est ni la littérature ni une science humaine. C’est avec Pierre Bourdieu qu’il faut décrire ce à quoi aspire en réalité le festivalier d’Expresso : « Les petits-bourgeois ne savent pas jouer comme un jeu le jeu de la culture : ils prennent la culture trop au sérieux pour se permettre le bluff ou l’imposture ou, simplement, la distance et la désinvolture qui témoignent d’une véritable familiarité ». Les participants à Expresso sont des aspirants, des prétendants, des parvenus, des imposteurs, des impostures, des apparences, des mesquineries.

Sur une ligne toujours aussi neutre, le sondage portait aussi sur les orientations politiques (« Où êtes-vous ? ») des participants. Il en ressort qu’ils sont exclusivement partisans de formations de gauche : pas un seul individu de droite ne fréquente le festival Expresso. C’est dire avec quelle hypocrisie Jets d’Encre conçoit le pluralisme politique et la défense de la liberté d’expression ! Voilà comment Expresso qui se veut une ouverture à la différence et un moment de tolérance est devenu un véritable entre-soi de gauchistes qui laissent prospérer une ligne socialo-marxo-intersectionnaliste ! 3 398 des 3 478 participants (97,7%) se disent partisans d’une « extrême-gauche virulente et radicale » : ils sont plus de 94% à soutenir que le vote n’est qu’un « moyen d’expression au service de l’ordre politique existant et des élites au pouvoir ». Ceux-là même qui prétendaient faire partie de l’élite à la question d’avant, quelle belle bande d’enfoirés !

Notre étude portait enfin sur les rêves des festivaliers et ce qu’ils souhaitent faire de leur vie (« Où allez-vous ? »). La plupart (89%) nous confiait hors antenne n’en avoir rien à faire du journalisme et de l’avenir de la presse : aucun ne veut même faire journaliste parmi les participants à Expresso. Le festival ne serait qu’une feinte pour faire croire qu’ils se livreront à des activités socialement valorisées plus tard : en réalité, ils sont 74% à vouloir consacrer leur vie à « gagner de l’argent ». « Faire sa vie, c’est réussir du point de vue matériel » nous avouait même un festivalier, Rolex au poignet, Ralph Lauren sur le torse.

Louis