Environnement
Et si on recyclait nos cheveux ?

Et si on recyclait nos cheveux ?

Chaque année, les près de 200 000 coiffeurs français peuvent jeter jusqu’à 500kg de cheveux fraîchement coupés. Jusqu’alors, cette matière première, jugée sans valeur, partait directement en décharge ou était incinérée. Elle pourrait désormais être recyclée pour lutter contre les marées noires et dépolluer les océans.

 

Les cheveux, “nettement plus efficaces” pour absorber le pétrole

L’idée de recycler les cheveux n’est pas nouvelle : l’association américaine Matter of Trust avait déjà utilisé en 2007 des cheveux pour lutter contre une marée noire, après le naufrage du porte-conteneurs Cosco Busan près de San Francisco. En effet, les cheveux sont lipophiles, c’est-à-dire qu’ils absorbent le gras, et donc notamment les hydrocarbures. Ils peuvent donc former des barrages de dépollution et être utilisés lors des marées noires. Actuellement, les barrages sont majoritairement constitués de polypropylène.

Une étude australienne parue en 2018, a ainsi montré que les cheveux absorbent de manière “nettement plus efficace” le pétrole par rapport aux absorbants synthétiques, aujourd’hui principalement utilisés. L’étude souligne également “la facilité avec laquelle de petites fibres de polypropylène peuvent s’échapper des barrages de dépollution” actuels, ce qui représente “un risque pour l’environnement”. Un autre avantage des cheveux est qu’ils sont compostables et réutilisables (jusqu’à dix fois), à l’inverse des absorbants synthétiques.

Les cheveux sont donc considérés comme une alternative plus satisfaisante aux barrages anti-pollution actuels.

 

Source: Matter of Trust

 

Une initiative varoise

En France, une initiative a été lancée par l’association « Coiffeurs Justes », fondée par le coiffeur Thierry Gras. Environ 350 tonnes ont déjà été collectées auprès des 6 000 coiffeurs adhérents à l’association et ont été recyclées par les centres ESAT (Établissements ou Services d’Aide par le Travail), qui emploient des personnes handicapées. Les cheveux sont conditionnés en boudins, qui ont déjà été déployés dans plusieurs ports, dont le Vieux-Port de Marseille.

Une fois à l’eau, ces boudins de cheveux contribuent donc à lutter contre la pollution aux hydrocarbures, qui représente selon un rapport du Fonds Mondial pour la Nature ( WWF ), entre 0.7 et 1,5 millions de tonnes  rejetées chaque année.  Les cheveux offrent également d’autres possibilités. L’association varoise est en effet  partenaire de deux start-up, selon Thierry Gras. HKVOR extrait de la kératine des cheveux et Sol-Hair Insulation, est une entreprise suisse qui vise à créer des isolants à partir de cheveux. « Une alternative durable aux isolants traditionnels, et respectueuse de l’environnement », selon Yann Thomas, son co-fondateur. D’après lui, les cheveux offrent « des performances thermiques très qualitatives ». Ce nouvel isolant, encore en cours de certification, s’inscrit dans une tendance globale du développement des isolants biosourcés, un marché en plein essor qui représentait 11% de part de marché en 2021.