Débats, luttes & polémiques
La rue dans l’impasse politique

La rue dans l’impasse politique

Le Fouquet’s en feu le 16 mars 2019 – acte XVIII des gilets jaunes – ©LePoint

Dans les cris de manifestation, le slogan « La rue elle est à qui ? Elle est à nous !», fait de l’appropriation de cet espace public – la rue – un enjeu éminemment politique.

La rue un espace commun, d’échange et d’émotions

Les uns y flânent, les autres y jouent, certains ne font que la traverser pour aller travailler, d’autres y dorment. Dans la rue se croisent toutes sortes de catégories sociales. La rue peut être un lieu de rassemblement, de liesse et de fierté nationale. Elle peut, au contraire, être un lieu d’exclusion sociale. Sont à la rue, ceux que l’on ne souhaite pas voir et qui pourtant sont exposés à la vue de tous, sans droit au privé. Cet espace de passage, de vie et de jeu est un espace que nous avons en commun, nous nous y croisons en un ballet ininterrompu. La rue, un espace de flux, d’échange mais où l’on n’échange pas. Elle est un lieu de passage et de passivité.

Manifestation « Je suis Charlie » du 11 janvier 2015 à Paris ©Flicker

En de ponctuelles occasions, elle se revêt d’une foule prise par l‘émotion. Elle devient alors un lieu de communion et de recueillement collectif. Les immenses cortèges après les attentats de Charlie Hebdo en 2015 sont assez significatifs de cette fonction assembleuse. Le nombre de manifestants sur les journées du 7, 8 et 9 janvier sont estimés à 4 millions par le ministère de l’intérieur. Les rues ont été investies pour partager un émoi collectif et se montrer unis. Dans le cas de la manifestation du deuil national après les attentats, que ce soit ceux de Charlie hebdo et du Bataclan; investir la rue devient une démonstration de résistance collective à la peur.

Légitime lieu des revendications

La rue est un espace privilégié des revendications sociales. L’occuper en groupe, c’est clamer son existence et ses convictions au reste de la société.

Nombreux sont les exemples d’occupation politique pacifique de la rue. Récemment, les manifestations de Youth For Climate lors des Fridays for future ont marqué le rapport à la rue d’une génération maintenant éloignée des manifestations de Mai 68. Le mouvement Nuit debout est également un exemple de volonté d’occupation pacifique de la rue. Le mouvement Nuit Debout est caractérisé par les prises de parole récurrentes et l’envie d’une expérience de démocratie horizontale. Surtout, le mouvement souhaite éviter la violence, et quand celle-ci s’invite que ce soit par le biais de casseurs, d’attaques de groupuscules d’extrême-droite, de milices antifascistes, il ne se laisse pas aspirer voir dissoudre par cette violence, contrairement à d’autres. Nuit debout – très politisé – désavoue la politique traditionnelle, et privilégie le débat, l’envie de collectif.

Mais la descente dans la rue, outre les expériences de deuil collectif, de combat contre la peur, les occupations joyeuses et pacifistes, est principalement associée à la colère. 75% des 18-25 ans en 2022 pensent que manifester dans la rue est justifié pour montrer sa colère. Or a la colère est souvent associé la violence qui en est une des manifestations physiques.

De ce point de vue-là, les émeutes de 2005 sont particulièrement intéressantes. Après la mort de deux adolescents Zyed Benna et Bouna Traoré, le 27 octobre 2005, électrocutés par un poste électrique en tentant d’échapper à un contrôle de police, des émeutes commencent. Elles s’étendent le 30 octobre après l’envoi d’une grenade lacrymogène à l’entrée de la mosquée Bilal par des forces de l’ordre, victimes de tirs de projectiles. Ces émeutes se terminent le 17 novembre après près de 3000 personnes interpellées et 3 morts parmi la population.

Violence politique

Il serait incomplet de cantonner les causes de ces émeutes à ces seuls évènements. Ils n’en ont été que les éléments déclencheurs. Quand des émeutes pareilles surviennent, quand la violence s’invite dans la rue, il est nécessaire de s’interroger à ses racines. Le sociologue Éric Macé, dans un entretien pour le monde en 2005, explique le lien entre violence de rue et politique. Il place la violence de rue « délinquante » comme avant tout politique et comme un moyen de rendre visible une violence « structurelle » assez insaisissable.

« Les violences économiques, sociales, symboliques qui s’exercent sur les habitants des banlieues populaires sont parfaitement invisibles »

Éric Macé

Les émeutes ont eu lieu durant le mandat présidentiel de Jacques Chirac alors que Nicolas Sarkozy est ministre de l’Intérieur. Chirac avait alors marqué l’esprit des banlieues avec son expression de juin 1991 « le bruit et l’odeur » pour parler des banlieues. Nicolas Sarkozy, lui, multipliait les provocations. Il choque quelques mois avant les émeutes de 2005 en parlant de « nettoyer la Cité des 4000 » de la Courneuve à Paris. Le terme de « nettoyage », lourd de sens historique – dénoncé par l’Union Syndicale des Magistrats – a exacerbé la méfiance des banlieues à l’égard du pouvoir. La violence de l’absence de perspectives est une violence qui s’ajoute à celle des mots du pouvoir pour les quartiers défavorisés.

De manière comparable, le mouvement des gilets jaunes – même s’il n’est pas du seul fait d’Emmanuel Macron – a été encouragé par les « petites phrases » du président qui ont été d’une grande violence symbolique – pour les classes populaires et mêmes plus généralement les salariés. Lors de l’inauguration du campus de start-up Station F à Paris,  le président évoquait les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Le verbe être est particulièrement important dans cette phrase ; il est autrement différent d’être accusé de ne rien faire que de n’être rien, même si ce n’est pas le sens qu’il entendait, cette phrase a été interprétée comme tel. Il touche à l’individu dans sa nature même.

La question de la violence protestataire et de la violence symbolique n’est pas nouvelle. Déjà en 1906, alors que l’année est marquée par de nombreuses grèves, un débat à la Chambre oppose le ministre de l’intérieur, Gorges Clemenceau à Jean Jaurès sur la « violence ouvrière ». Lors de ce débat, alors que Clemenceau met en exergue la violence ouvrière, Jean Jaurès argue d’une « violence silencieuse du patronat » qui « n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! »

« ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés (…). C’est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l’homme palpitant et criant ; la machine ne grince même pas et c’est en silence qu’elle le broie. »

Jean Jaurès

La violence dans la rue a bien ses raisons politiques, elle l’est également de fait, parce qu’elle sert des discours sécuritaires. Les violences ne sont probablement pas le résultat d’un ensauvagement de la société. Il est un raccourci facile, de prendre le symptôme pour la cause et la conséquence, c’est l’équivalent de prendre la fièvre comme une conséquence du réchauffement du corps.

« La question posée est la suivante : soit on réduit ces violences à leur seule dimension délinquante, et on s’empêche d’en comprendre les significations et donc d’agir sur elles en profondeur ; soit on accepte que ces conduites, qui sont, de fait, délinquantes, ont aussi une dimension politique qu’on ne peut pas négliger. »

-Éric Macé

Il est évident qu’essentialiser le problème pour ne pas à en chercher les racines profondes est facile. Concernant les gilets jaunes, on parlait au début du mouvement de leurs revendications de dignité, sur la difficulté de vivre avec le SMIC. Au final, on ne retient – principalement – de ce mouvement que la violence des casseurs. La discréditation des manifestants, indirectement, s’est accompagnée du discrédit de ce pour quoi ils se battent. La portée politique du mouvement et sa globalisation ont été évincées par des éléments moraux et de conduite. La violence a été un repoussoir pour les étudiants empêchant la globalisation et la pérennisation des mouvements.

Le Fouquet’s en feu le 16 mars 2019 – acte XVIII des gilets jaunes – ©LePoint

La violence est d’ailleurs un grand sujet de débat pour les organisations révolutionnaires. Celle-ci est incarnée pas les black blocs. Ce n’est pas un groupe à proprement parler mais une vision partagée de la violence politique de manifestation. Des « Black Blocs » interrogés par Médiapart font remarquer qu’ils n’attaquent que des grandes enseignes de FTN et des symboles d’un « pouvoir bourgeois » et tentent d’éviter de casser les petits commerces, ils politisent leurs violences. Les personnes qui se revendiquent black blocs arguent d’une violence nécessaire pour se faire entendre. Pour eux, les manifestations ont perdu de leur vigueur et il y a une forme d’impatience à voir que les choses ne vont pas assez vite. Les violences des manifestations, notamment des black blocs sont souvent désavouées par la majorité des mouvements protestataires, et pourtant elles ont tendance à dévorer l’espace médiatique ne laissant que des miettes pour un véritable débat de fond sur les revendications des mouvements, d’autant plus que dans une société pacifiée la violence est de moins en moins tolérée par l’opinion publique qui ne soutient pas les mouvements violents.

Quand il y a violence collective,

quand la rue pense sa violence légitime,

quand la rue rejette la légitimité de la violence de l’État,

c’est que quelque part, il y a l’échec du politique et du dialogue social.

Bien que la violence ait tendance à dépolitiser les mouvements protestataires, Éric Macé pointe le fait qu’il y ait toujours « une vertu politique de l’émeute » qui est une « expérience personnelle et collective ». Quand des gens – qui ne se sentent pas forcément concernés par la politique traditionnelle, voire qui se sentent comme des passagers clandestins de la politique – se rencontrent, ils peuvent se rendre compte qu’ils partagent les mêmes constats et impressions. De cette rencontre peut naître l’envie de s’assembler en groupe souhaitant potentiellement être représenté dans les institutions nationales.

Néanmoins, la traduction politique des émeutes – pour ne pas rester seulement les instruments de discours – est toujours difficile. Cette traduction peut se faire par les urnes, mais elle est assez compliquée quand il y a une certaine défiance de la politique et une impression pour 70% des français que les élections ne changent rien et que le premier sentiment éprouvé à l’égard de la politique est pour 39% de la méfiance et pour 17% du dégoût.

En revanche, il ne faut pas s’y tromper, les violentes manifestations et émeutes du XIXe siècle– afin de renverser le pouvoir – ne sont plus. La flamme de la rue s’est affaiblie. Les manifestations ont acquis une valeur davantage symbolique. En effet, le premier XIXe siècle est traversé par de violentes émeutes populaires. Il est caractérisé par une légitimité du pouvoir battue en brèche, qui a perdu de son aura divine après la révolution française. Or, si le pouvoir n’est pas légitime, sa violence non plus. Sa violence répressive apparait essentiellement légale. A l’inverse, la violence de rue s’opposant à la violence d’État apparait « juste ».

 

« Les choses se compliquent quand on passe de la légalité à la légitimité. Car, si l’État tente de faire valoir le monopole de la violence légitime, les mouvements sociaux qui ont recours à la violence peuvent aussi arguer de la légitimité »

– Mathilde Larrère

Légitimité de la violence

Dans un article du quotidien de l’écologie Reporterre, l’historienne des révolutions, Mathilde Larrère explique ce passage d’une violence d’État fragilisée à la fin du XVIIIe et dans la première moitié du XIXe à la répression violente de 1848.

La violence d’État regagne en légitimité en 1848 grâce au suffrage universel masculin qui remplace le suffrage censitaire. Il est difficile de se révolter contre un pouvoir élu, il serait paradoxal que le peuple se révolte contre lui-même, si le pouvoir est censé le représenter. Les révoltés peuvent être dépeints comme les fossoyeurs du pouvoir – par l’intermédiaire des élus- au peuple.

« Le suffrage universel, en donnant un bulletin à ceux qui souffrent, leur ôte le fusil. […] Or qu’est-ce que tout cela, messieurs ? C’est la fin de la violence, c’est la fin de la force brutale, c’est la fin de l’émeute […] le droit d’insurrection aboli par le droit de suffrage. » 

-Victor Hugo

Emmanuel Macron en septembre 2017 – juste avant une journée de mobilisation contre la loi travail – rappelle la légitimité démocratique qu’il tient du suffrage universel direct, contrairement aux manifestants car bien qu’il respecte les manifestants, il respecte également les électeurs qui ont voté pour son programme et veulent le voir appliqué.

« La démocratie ce n’est pas la rue »

-Emmanuel Macron

Ce rapport entre la descente dans la rue et la démocratie, il est évident, et a deux pendants. Soit l’on estime que les personnes au pouvoir sont légitimes et qu’une majorité de la population est en accord avec leur programme et valeurs et qu’il serait – par conséquent – égoïste et anti-démocratique qu’une minorité d’insurgés impose son opinion par la force à une majorité. Soit l’on prend le fait que des milliers de gens soient dans la rue pour symptôme d’une démocratie représentative ébréchée. En réalité, les deux approches sont valables, il est en revanche difficile de savoir dans quelle mesure chacune l’est.

 

Ce lien évident entre démocratie et manifestation si évident est aussi sans doute ce qui gêne le plus le pouvoir. Si l’on accepte cette forme de démocratie protestataire, qui impose par la grève et l’occupation de l’espace publique un rapport de force pour que le gouvernement fasse des concessions, alors on accepte d’une certaine manière – en tant que groupe citoyen – qu’on élit des gens pour un programme que l’on ne va pas voir se réaliser. C’est ce qui est difficilement supportable pour le pouvoir élu qui se sent injustement empêché, et peut réagir par une répression violente, ce qui alimente la défiance à l’égard du pouvoir et participe à la boucle de rétroaction positive de la surenchère de la violence.

Une démocratie ébréchée ?

Cette thèse de la minorité tyrannique de la rue ne fonctionne que dans une démocratie suffisamment fonctionnelle pour que l’on estime que le pouvoir élu remplit sa fonction de satisfaction de la volonté générale ou majoritaire. Aujourd’hui, un sondage de l’Insee indique que 54% des français jugent que la démocratie ne fonctionne pas bien en France. Parmi ces 54%, 18% pensent qu’elle ne fonctionne pas du tout. De plus, 84% des interrogés pensent que les citoyens doivent prendre une part plus importante dans le processus de décision politique. Cependant, il est intéressant de garder à l’esprit que 41% des français sont d’accord avec le fait qu’il faudrait que la direction politique du pays – afin de le réformer – soit confiée à un pouvoir politique autoritaire quitte à alléger le contrôle démocratique sur le gouvernement. Néanmoins les sondages ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la société et ne transmettent qu’une impression de l’état réel de la démocratie. Il est en réalité assez difficile de mesurer le niveau de démocratie.

La représentativité n’est pas seulement au niveau des opinions politiques, elle peut également être descriptive. C’est là tout le combat de Gisèle Halimi qui a défendu ardemment la parité en politique par la proposition de quotas, lors de son mandat de députée de 1981 à 1984. Elle a prôné des mesures volontaristes plutôt que d’attendre le processus de changement des mentalités. Pour elle, certes le droit évolue en suivant le consensus social, mais il peut également l’anticiper afin d’accélérer son avènement.

Photographie de l’Assemblée Nationale 02/2022 – les femmes sont généralement en couleurs – Gisèle Halimi les appelle les « touches de couleur » de l’Assemblée ©LCP

Aussi étrange que cela puisse paraître, la place des femmes en politique, aux niveaux décisionnels, ne mobilisa ni les théoriciennes (Simone de Beauvoir), ni les militantes du Mouvement des femmes. Le mythe de l’évolution des mentalités – à attendre avec patience – se serait-il substitué à l’exigence des luttes contre l’exclusion ? »

-Gisèle Halimi dans La nouvelle cause des femmes

Julia Cagé va plus loin dans l’idée de représentativité descriptive, dans son livre Libres et Égaux en voix elle propose une représentativité qui ne prendrait pas seulement en compte le genre mais aussi l’origine sociale. Concrètement sa proposition est une obligation pour les partis de présenter 50% de candidates et 50% de candidats ouvriers/ employés/ travailleurs précaires/ demandeur d’emplois, afin de se rapprocher, après l’élection, d’une assemblée paritaire en termes de genre et d’origine sociale. Et pour éviter que les partis cantonnent aux circonscriptions non-gagnables les candidats correspondant aux quotas, elle propose de conditionner l’intégralité des financements public des partis à la présentation de 40% d’élus répondant aux descriptions des quotas. Aujourd’hui, seule une partie des financements est retiré en cas de non-respect des lois relatives à la parité, et les femmes représentent 38 ,7% des députés. Les Républicains perdent ainsi 1,8 million d’euros d’aide publique chaque année, et La France Insoumise 250 000 euros. Les quotas sont des mesures volontaristes controversées, difficilement adoptables par le Parlement et qui exigent une modification de la Constitution, néanmoins ces propositions ont le mérite de poser les termes d’un débat sur la représentativité.

On peut tout aussi faire l’analyse d’une impression de non-représentation de nos opinions politiques dans les institutions démocratiques par la prégnance de l’individu et des réseaux sociaux dans nos sociétés. Les algorithmes choisissent des contenus susceptibles de nous plaire, des personnes que l’on est susceptible d’apprécier grâce à nos points communs ; c’est ce que l’on appelle l’effet « bulle de filtre ». A l’insu de notre conscience, l’on s’enferme dans des communautés d’opinions.

« Quand dix personnes qui pensent la même chose se réunissent, elles ne pensent plus »

-Alain

De même que – du fait de notre environnement social – nous sommes généralement entourées de gens qui exercent le même métier, sont du même milieu social, ou partagent les mêmes convictions, systèmes de valeurs et croyances.  On a alors l’impression que nos prismes sont largement partagés et nos convictions en sortent renforcées par le biais de confirmation que nous apporte notre entourage. Pourtant, au palais du Luxembourg, à Matignon, à l’Élysée et au palais Bourbon, nos opinions peuvent être minoritaires voire inexistants.

« Vous vous endoctrinez vous-même avec vos propres opinions. Vous ne réalisez pas que ce que vous voyez n’est qu’une partie du tableau. Et cela a des conséquences sur la démocratie : pour être un bon citoyen, il faut que vous puissiez vous mettre à la place des autres et avoir une vision d’ensemble. Si tout ce que vous voyez s’enracine dans votre propre identité, cela devient difficile, voire impossible. »

– Eli Pariser (auteur du livre The Filter Bubble)

Malgré cela, on ne peut nier la crise politique en démocratie. La démocratie n’est pas que de l’administratif et une réalité objective avec un indice de démocratie qui quantifie la qualité d’un régime et sa représentativité, c’est aussi de l’émotion, un sentiment de vivre dans une démocratie et d’être considéré par ses représentants et le pouvoir. Comme se plaisent à le clamer les présidents successifs et comme ne manquent pas de le rappeler les diverses oppositions aux exécutifs, le président de la République doit être celui de tous les français et se doit de le faire ressentir.

La violence collective est la manifestation de ce malaise démocratique. Loin d’un simple phénomène pathologique, elle est le symptôme d’un échec ou tout du moins d’une faiblesse démocratique qui se traduit par un détournement des urnes pour s’exprimer. Lors de l’élection présidentielle de 2022, seulement 57% des 18-25 ans déclaraient s’intéresser à la présidentielle, alors qu’elle est le moment le plus fort de la politique sous la Ve république depuis que l’on élit le président au suffrage universel direct.

Les manifestations en plus d’avoir une valeur symbolique sont des moments politiques, elles permettent que différents médias débattent d’un sujet précis, elles incitent les gens à prendre position : Pour ou contre la grève ? D’accord; jusqu’à y participer et prendre sur son salaire ? D’accord; jusqu’à défiler dans la rue ?

Elles sont des thermomètres politiques et sociaux. Il s’agit de voir quels corps de métiers, quels syndicats, quelles classes sociales sont dans la rue, celles qui n’y sont pas mais aussi et surtout comment réagit l’opinion publique à ces manifestations. Elles remobilisent la population sur des sujets politiques, ce qui est important depuis qu’élections législatives et élection présidentielle sont éloignées de seulement deux mois et que la population n’est réellement mobilisée que tous les 5 ans.

inspirations :

Le peuple contre la démocratie de Yascha Mounk

A la tribune – documentaire LCP

Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs 

La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1793 (dernier article)

 

[1] https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-letat-de-la-democratie-le-bilan-du-quinquennat-demmanuel-macron/

[2]https://www.lemonde.fr/societe/article/2005/11/07/banlieues-des-territoires-abandonnes_707456_3224.html

https://www.lemonde.fr/societe/article/2005/11/09/crise-dans-les-banlieues-la-reponse-politique-est-elle-a-la-hauteur_708156_3224.html

[3] https://www.lemonde.fr/societe/article/2005/06/21/les-propos-de-m-sarkozy-sur-le-nettoyage-de-la-courneuve-provoquent-l-indignation_664721_3224.html

[4] https://lcp.fr/programmes/petites-phrases-grandes-consequences/petites-phrases-grandes-consequences-la-droite-en

[5] La gauche contre le peuple – documentaire LCP

[6] http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/violence-patronale-violence-ouvriere-jaures-et-clemenceau-1906/

[7]  https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/02/un-ensauvagement-de-la-societe-les-etudes-montrent-elles-une-relative-stabilite-de-la-delinquance-depuis-quinze-ans_6050650_3224.html

[8] https://youtu.be/fqzAVj2Ufpw – Usul: Black Bloc

[9] http://www.regards.fr/archives/nos-selections/une-societe-pacifiee,5082

[10] https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-societe-est-elle-plus-violente-qu-avant-8187993

[11]https://www.franceculture.fr/emissions/les-rencontres-de-petrarque/la-rue-comme-lieu-de-substitution-au-politique

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-rencontres-de-petrarque/le-retour-de-la-rue-dialogue-inaugural-avec-julia-cage-et-roland-castro-4490376

[12] https://www.ipsos.com/fr-fr/enquete-sur-les-fractures-francaises-une-france-un-peu-moins-crispee

[12] https://www.sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/BONNE%20VERSION%20FINALE-1.pdf

[13] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-de-l-elysee-a-la-rue-lieux-du-pouvoir-politique

[14] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/les-lundis-de-l-histoire-la-rue-entre-la-revolte-et-la-fete-1ere-diffusion-12-10-1998-3293018

[15] https://reporterre.net/Notre-histoire-s-est-batie-pour-partie-sur-des-violences-populaires

[16] https://www.francebleu.fr/infos/politique/video-emmanuel-macron-la-democratie-ce-n-est-pas-la-rue-1505889207

[17] https://www.insee.fr/fr/statistiques/429673

[18] https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2013-2-page-5.htm

[19] La nouvelle cause des femmes de Gisèle Halimi

[20] Libres et égaux en voix – Julia Cagé

[21]  https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-des-idees/malaise-dans-la-democratie-4932071

[22] https://www.ifop.com/publication/les-jeunes-et-lelection-presidentielle-de-2022/