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Black Friday : des promotions, mais à quel prix ?

Black Friday : des promotions, mais à quel prix ?

Alors que le Black Friday est synonyme de bonnes affaires et de réductions attrayantes, il soulève également des inquiétudes quant à sa contribution à la surconsommation, à l’impact sur l’environnement et à la pression économique exercée sur les consommateurs.  Quel est son véritable coût pour la société?


La naissance d’un événement commercial mondial

Né dans les années 50 aux Etats-Unis, le Black Friday est pour beaucoup “l’occasion à ne pas manquer” pour se faire plaisir à bas coûts. Traditionnellement, il se déroule durant le vendredi suivant Thanksgiving. Cela étant, conscientes de l’ampleur des achats des consommateurs ce jour-là, les entreprises proposent dorénavant le plus souvent leurs promotions en avance. On parle alors de Black Week-end, voire de Black Week et même parfois de Black Month. Le concept est aujourd’hui très largement répandu dans le monde, devenant un événement commercial incontournable. Mais quels sont ses dérives et comment a-t-il fini par pousser certains consommateurs et entreprises au boycott ?

Consommer toujours plus, la pression de l’achat impulsif

Depuis son apparition en France en 2010 à l’initiative d’Amazon, le Black Friday ne cesse de pousser les consommateurs à consommer toujours plus. En 2022, on estime que le montant du panier moyen par français à l’occasion du Black Friday est élevé à 255 euros. De tels chiffres résultent d’un mécanisme mettant plusieurs moyens en œuvre pour créer chez le consommateur toujours plus de besoins non-essentiels, futiles, inutiles, qu’il se sent poussé à satisfaire. Tout d’abord, le Black Friday ne dure qu’une courte période. Cela crée alors chez les individus une peur de manquer les offres proposées, sans cesse mises en relief par leur importance face au prix initial. Le temps de réflexion est donc très largement réduit, d’autant plus que les promotions sont présentées comme rares et exceptionnelles, accentuant ainsi la crainte du consommateur de les manquer. En bref, tout est mis en œuvre pour nous pousser à une frénésie d’achats compulsifs et à la surconsommation. Les individus sont alors incités à dépenser de manière excessive, allant parfois au-delà de leurs moyens, ce qui fragilise financièrement les ménages les plus vulnérables.

Des promotions éphémères pour des conséquences durables

La course effrénée du Black Friday dont l’unique objectif est de satisfaire les clients à tout prix n’est pas sans conséquences. Cet événement commercial intense soulève, entre autres, des préoccupations environnementales.

Dans un premier temps, la grande majorité des articles achetés pendant le Black Friday sont des vêtements et des appareils high-tech. Or, les appareils électroniques représentent 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre et seul 20% d’entre eux sont recyclés, tandis que 10% des émissions de gaz à effet de serre mondiaux sont également émis par le secteur du textile, soit 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre émis par an. L’industrie du textile est le troisième secteur le plus consommateur d’eau, utilisant 4% de l’eau potable du monde. Notre consommation de vêtements est surdimensionnée : en 15 ans, la durée d’utilisation d’un vêtement a été divisée par 2, et ce, par l’extension grandissante de la “fast fashion”, la mode rapide, jetable et à bas coût. Ces prix parfois très bas sont rendus possible par des entreprises sous-payant leurs salariés et leurs imposant des conditions de travail extrêmes (surmenage, contact avec des produits nocifs, etc.).

Manifestation écologique anti-Black Friday (CC-Robin Wood / Wikimedia commons)

D’autre part, le Black Friday s’est aujourd’hui décliné en d’autres événements commerciaux. Il a notamment inspiré le Cyber Monday, qui reprend donc le concept du Black Friday, mais avec des promotions cette fois-ci exclusivement en ligne. Il se déroule durant le lundi qui suit le Black Friday et a été créé pour encourager les consommateurs à faire leurs achats directement sur les sites internet des marques. Cependant, les achats effectués sont régulièrement renvoyés par les consommateurs, d’autant plus qu’il s’agit majoritairement de vêtements. Le plus souvent, ces articles renvoyés ne sont jamais revendus et finalement jetés, sans jamais avoir été utilisés. 30% des articles réexpédiés sont par exemple jetés chez Amazon Allemagne.

Le “Green Friday”, une alternative pour une consommation plus responsable

C’est pour ces raisons que certains consommateurs et certaines marques appellent au boycott. Des associations et collectifs, tel qu’Oxfam, promeuvent le “Green Friday”, un événement anti-Black Friday, créé par le collectif européen du même nom. Cette alternative propose une consommation plus réfléchie et responsable, visant à limiter ses impacts sociaux et environnementaux .

Illustration réalisée par Numa, illustrateur du journal

Sources :

Black Friday 2022 : surconsommation, gaspillage, pollution, concurrence abusive… une opération commerciale très décriée – ladepeche.fr 

Black Friday : les chiffres d’un désastre écologique (reporterre.net) 

L’impact de la mode : les conséquences de la fast-fashion (oxfamfrance.org) 

L’impact du Black Friday sur l’environnement – YouTube