
Émilie Rose Paoli : Portrait d’une réalisatrice amateure
Après avoir appris qu’une élève du lycée avait réalisé un court-métrage qui serait projeté au Gyptis le 28 février prochain, Le Journal La Terre en Thiers a sauté sur l’occasion de réaliser une interview auprès d’une élève du lycée Thiers (occasion rare). L’article qui suit accompagne donc une interview avec Émilie Rose Paoli, élève de deuxième année en Khâgne A/L, réalisatrice du court-métrage Sacrée.
Réalisatrice et étudiante : un défi d’organisation
Après une entrevue avec Émilie Rose, nous avons pu constater que sa passion pour le cinéma et les arts inonde la discussion et se reflète dans l’ardeur qu’elle met à vous convaincre que « si l’on veut, on peut. »
Et elle prouve que la motivation peut faire de grandes choses puisque en ce début d’année, Émilie Rose sort son premier court-métrage alors qu’elle arrive au terme d’une formation scolaire exigeante qui demande des efforts physiques et psychologiques conséquents.
Alors que la plupart des élèves en classe préparatoire acceptent (plus ou moins volontiers) de « sacrifier » deux ans de leur vie dans le but de – probablement – réussir les concours des grandes écoles, Émilie Rose refuse de se plier à la règle. Comme ses camarades, elle tente désespérément de suivre le rythme imposé par la prépa. Cependant, cela ne lui suffit pas.
Passionnée depuis l’enfance de cinéma, elle rêve de devenir réalisatrice. Lorsque la plupart des élèves de prépa « remettent leurs rêves à plus tard », Émilie Rose nage à contre-courant et semble avoir décidé de se lancer dans la réalisation tout en passant sa Khâgne.
Une Aide Précieuse
Depuis un an et demi, Émilie-Rose fait partie de l’association marseillaise Transversarts, qui permet à tout féru du septième Art de découvrir les métiers du cinéma au niveau amateur.
Là-bas, que l’on souhaite devenir acteur, réalisateur, scénariste, ou technicien, on le peut, si on le veut. En tant qu’association, Transversarts prend en charge les frais nécessaires à la production et à la « construction » d’un film et permet donc une création artistique soulagée des contraintes financières que devrait supporter un réalisateur amateur indépendant.
Grâce à cela, Émilie Rose a put être suffisamment encadrée jusqu’à proposer son scénario dans une ambiance associative « saine » qui lui a permis de libérer ses talents d’écrivaine. Dans un tel environnement, la responsabilité devient réciproque : Émilie Rose engage sa création dans un monde organisé qui a un budget, un calendrier et des objectifs à respecter tandis que l’association engage des moyens, des fonds et du personnel (bénévole). Une fois lancé, on ne peut donc plus s’arrêter ! Voilà une façon efficace de tenir un projet qu’il est bien souvent difficile de concrétiser.
Mais que cela ne vous décourage pas ! Car selon ses mots, « il suffit d’avoir un téléphone pour faire un film », et il est évident qu’un tel professionnalisme n’est pas nécessaire ; rien n’est plus important que l’envie de créer, motivée par la passion du cinéma.
Un projet personnel
Pourtant, ne nous méprenons pas, le soutien de l’association a certes été un encadrement nécessaire, mais n’a pas empiété sur l’autonomie de la scénariste amateure. Son court-métrage, Sacrée, est une création purement originale et sa conception peut même être considérée comme le strict opposé d’un exercice qu’elle a pourtant pris l’habitude de faire : la dissertation. Sans thème imposé, le travail du scénariste se situe aux antipodes de celui de l’étudiant car il écrit sur ce qui lui tient à cœur, faisant du film qu’il réalise le support de son expression artistique.
À travers Sacrée, Émilie Rose s’est exprimée audacieusement en écrivant un scénario autour d’un thème particulièrement difficile à aborder : l’auto-mutilation. Aucun rodage donc pour cette jeune réalisatrice qui tente d’emblée le difficile pari de plaire au public tout en mettant à l’écran des thématiques sérieuses.
Audacieux également par sa durée (25 minutes, ce qui est long pour un court-métrage ) le premier film d’Émilie Rose sort des sentiers battus et fait l’éloge d’un cinéma amateur comme d’un support aux artistes dans le besoin de s’exprimer.
D’abord actrice (elle a tourné dans plusieurs films dont Souvenir d’une nuit de jeunesse produit par Transversarts qui sera projeté le 28 février également), Émilie Rose concrétise avec Sacrée son rêve de devenir réalisatrice et prouve que réaliser un film nécessite en réalité moins de moyens que l’on ne le pense si l’on sait à qui s’adresser ; et que l’on est passionné.
Le lien de présentation de la soirée projection : https://cinemalegyptis.org/films/transversarts-inspires-de-faits-reels/
Le site du collectif d’artistes Transversarts : https://www.transversarts.com/