Ebossé, comme un symbole
Le 23 août 2014, le monde du football a été endeuillé et marqué par le décès d’un footballeur camerounais dans des conditions horribles.
Ce tragique événement salit l’image du football après une Coupe du Monde au Brésil qui a montré tout ce qu’il y avait de beau dans ce sport. Mais, il nous donne surtout un aperçu de l’horreur que l’Homme est capable de commettre.
Albert Ebossé Bondjongo est une triste victime. Ce jeune homme de 24 ans est décédé ce 23 août à la fin d’un match opposant son équipe, la JS Kabylie à l’USM Alger, comptant pour la deuxième journée de championnat algérien. L’attaquant serait mort suite à des jets de pierres de la part de ses propres supporteurs, qui lui auraient causé un traumatisme crânien.
Quand on connaît un temps soit peu le joueur, son caractère et son dévouement pour son club, il nous est impossible de comprendre les raisons de ce drame.
Albert Ebossé Bondjongo, comme un symbole
QUI EST ALBERT EBOSSE ?
Natif de Douala (Cameroun), Albert Ebossé a commencé sa carrière de footballeur professionnel dans son pays natal (Coton Sport, Unisport Bafang, Douala AC). Après une pige d’un an en Malaisie (Perak AF), il rejoint la JS Kabylie dans le championnat algérien. Ses débuts en Algérie sont très réussis. Il termine meilleur buteur du championnat, acquiert très rapidement une certaine notoriété et devient le « chouchou » des supporteurs kabyles. Ses coéquipiers le décrivent comme une personne simple, qui aimait s’amuser. Très drôle, il était très généreux et attachant.
Ebossé était très respecté en Algérie, et lui-même aimait beaucoup ce pays. Quelques minutes avant le début du match qui lui a été fatal, il déclarait même vouloir rester en Kabylie pour faire grandir le club, donner de la joie aux supporteurs en attendant de pouvoir réaliser son rêve : accéder à la sélection nationale du Cameroun et pouvoir jouer avec des joueurs tels que Samuel Eto’o, Stéphane M’bia ou encore Nicolas N’Koulou. Ce rêve ne se réalisera hélas jamais…
QUE S’EST IL PASSE ?
Le 23 août dernier, la JS Kabylie recevait l’USM Alger à l’occasion d’un match comptant pour la deuxième journée du championnat algérien de football. Ce match est un derby très important pour les supporteurs qui n’attendent que la victoire pour leur équipe. Pour les gagnants, la vie est belle. Par contre, pour le perdant, les conséquences peuvent être très graves.
Les kabyles ont perdu le match 2 – 1 (avec un but d’Ebossé) et ont été copieusement hués et sifflés par leurs fans. Le retour des joueurs dans le vestiaire s’est fait sous tension car les supporters kabyles, en plus d’insulter leurs joueurs, leur jetaient des projectiles dessus. Ces projectiles ont été trouvés à l’intérieur même du stade qui était en rénovation, les hooligans algériens ont alors ramassés des ardoises, des parpaings, des briques etc… et les ont jeté sur leurs héros. Finalement, le grand perdant de ce match est Albert Ebossé qui aurait été touché par « un morceau d’ardoise tranchante » ce qui lui aurait causé un traumatisme crânien, il est finalement décédé quelques heures plus tard à l’hôpital de Tizi-ouzou.
CONTROVERSE SUR LES CAUSES DE LA MORT
Officiellement, le camerounais est décédé des suites du jet d’une ardoise tranchante. C’est ce qu’a déclaré le ministre algérien des sports. Mais une contre-autopsie a été demandée par la famille Ebossé. Cette autopsie a été menée au Cameroun par un médecin camerounais spécialisé en anatomie pathologique, André Mouné.
Les conclusions de cette seconde autopsie menée sur Albert Ebossé font froid dans le dos. Albert Ebossé présentait « une série de 5 lésions assez patentes » et serait « décédé des suites d’une agression brutale avec polytraumatisme crânien ».
Cette version des faits contredit celle donnée par le président du club Mohand Chérif Hannachi et le ministre algérien des sports. Elle entretient le flou autour des conditions horribles de la mort du joueur camerounais de 24 ans.
Cela dit, la famille Ebossé Bondjongo ne compte pas en rester là. Une enquête a été ouverte le 19 décembre 2014 (quatre mois après les faits) par la Justice algérienne afin d’éclaircir les zones d’ombre de l’affaire Ebossé.