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“On n’est pas dans la Daech”

“On n’est pas dans la Daech”

Tel était l’un des thèmes d’articles proposé parmi une dizaine lors du 11e festival Expresso de la presse jeune, réuni à Paris du 16 au 17 mai 2015. Six rédacteurs du journal “La Terre en Thiers” ont relevé le défi de réaliser un numéro spécial de leur journal sur place dans les conditions du direct sur des sujets qui tombaient de 16h le samedi après midi à 7h le dimanche matin. Après un bug informatique, il fut difficile de boucler. Mais, il reste quelques bonnes feuilles et bons dessins. En voici quelques-uns:

Quelques dizaines de milliers de personnes peuvent-elles anéantir une nation?
Dessin de Julie réalisé à Expresso 2015
Dessin de Julie réalisé à Expresso 2015

L’auto-proclamé Etat Islamique, combattant depuis 2006 pour l’établissement d’un califat, a atteint en cette année 2015 son apogée, s’élevant au premier rang du terrorisme mondial. Ses actions, principalement des attentats et des prises d’otages, sont en effet parvenues à faire naître un climat de peur, voire de panique, au sein de toutes les couches de la société française et mondiale.

Les premières réactions se font sentir chez la population, inquiète du départ de ses jeunes pour le djihad. Daech révèle les malaises pré-existants d’une génération en perte de repères, qui comme bien fréquemment dans l’histoire, se laisse séduire par la promesse d’un combat prétexté légitime -récompensé de surcroît dans l’au-delà, la belle affaire- d’une organisation qui n’a de cesse de faire parler d’elle.

Comment retenir dans leur pays des jeunes qui ont trouvé la raison de vivre qui leur manquait?

C’est ainsi que s’installe chez les parents cette angoisse du départ de leurs enfants vers la Syrie, sans que ne soit trouvé jusqu’à présent de réponse efficace.

Après “le plan national de lutte contre la radicalisation” lancé en avril 2014 par Bernard Cazeneuve, l’Education Nationale, dans la panique, édite un document intitulé “Prévention de la radicalisation religieuse en milieu scolaire” (publié par Médiapart en novembre 2014). Choix pouvant être jugé un peu hâtif au vu de la teneur très schématique du document en question, qui ne répond finalement ni aux peurs des enseignants ni à celles des parents, mais les retranche davantage dans leur incompréhension du phénomène de radicalisation.

Viennent bien-sûr les réactions des politiques, qui trouvent dans Daech le motif adéquat pour faire passer la loi sur le renseignement.

La chasse aux terroristes est donc officiellement lancée, et avec elle, un climat institutionnalisé de suspicion.

La population, quant à elle, trouve sa réponse au terrorisme dans de grands rassemblements spontanés, comme celui du 11 janvier, après l’exécution par des fanatiques musulmans de douze personnes, dont 8 journalistes de Charlie Hebdo en réunion. Malgré cette belle démonstration de solidarité nationale, l’islamophobie n’a de cesse de se répandre, menaçant l’unité nécessaire face à la barbarie.

Le constat est clair: personne ne sait vraiment comment réagir. Les gendarmes eux-mêmes ont du mal à supporter les conditions de travail que leur impose le plan Vigipirate. Et les journalistes, dont le travail est plus que jamais indispensable, voient leur vie menacée.

Daech, dans sa volonté de construire un “état islamique”, ne fait en réalité qu’assombrir l’image de l’Islam, déjà entachée par les attentats du 11 septembre 2001, et diviser la population.