The American dream
« God Bless America! … *white only. » Tel était l’un des thèmes d’articles proposé parmi une dizaine lors du 11e festival Expresso de la presse jeune, réuni à Paris du 16 au 17 mai 2015. Six rédacteurs du journal « La Terre en Thiers » ont relevé le défi de réaliser un numéro spécial de leur journal sur place dans les conditions du direct sur des sujets qui tombaient de 16h le samedi après midi à 7h le dimanche matin. Après un bug informatique, il fut difficile de boucler. Mais, il reste quelques bonnes feuilles et bons dessins. En voici quelques-uns:
God Bless America ! Qui ne rêve pas d’habiter les États Unis, d’y travailler, d’y faire fortune ? Car après tout, ce bon vieil Oncle Sam nous a bien vendu son beau rêve américain : tout le monde peut faire fortune aux « States », y avoir une vie luxueuse et ce, en toute sécurité ! Tous ? Non, une grosse minorité d’irréductibles descendants d’esclaves semble encore et toujours exclue de ce merveilleux rêve américain.
Les mouvements d’indignations qui se répandent ces derniers mois dans différents états américains rappellent ainsi qu’il existe toujours, malgré tout, d’importantes inégalités entre noirs américains et blancs américains dans « la plus vieille démocratie du monde ». Ces contestations, qui prennent parfois la forme d’émeutes, dénoncent les grandes injustices que subissent – toujours – les afro-américains aux États-Unis, et ramènent sur le devant de la scène les dérapages – trop – fréquents dont ils sont victimes. Et cela commence par les nombreuses bévues policières constatées ces derniers mois.
Exemple avec le « terrifiant » Rumain Brisbon abattu par un policier blanc après qu’il ait dégainé une arme… Ou plutôt, après que le policier ait cru sentir une arme en le fouillant (sans motif valable)… Du pareil au même ! En Caroline du Sud, Walter Scott a été tué « tel une biche » (comme le commente le journal Le Monde). Gentlemen, la chasse est donc ouverte ! Plus tragique encore, un enfant de douze ans, Tamir Rice, a été abattu par un policier – blanc – alors qu’il jouait avec un faux pistolet (jeu dangereux !). La « justice » a finalement choisi de ne retenir aucune charge contre le représentant des forces de l’ordre. De quoi mettre le feu aux poudres et expliquer les violents affrontements de Ferguson (où le jeune Michael Brown a été abattu).
De plus, selon ProPublica – un pureplayer basé à New York -, les jeunes hommes afro-américains tués par la police ne sont pas deux fois, ni trois fois, mais vingt et une fois plus nombreux que les jeunes hommes blancs. Autant oublier tout de suite la promesse de sécurité de l’Oncle Sam…
Du point de vue de la réussite économique, là encore, il y a encore quelques anomalies : 28% des noirs américains vivent sous le seuil de pauvreté, contre 15% pour l’ensemble des américains. Le taux de chômage des afro-américains est deux fois supérieur à celui des blancs : 13,4% contre « seulement » 6,7%. On eut pu penser que la crise de 2008 ait un impact sur ce chiffre, mais il n’en est rien, cet écart n’ayant quasiment pas changé en soixante ans.
Si les noirs américains subissent davantage le chômage que leurs compatriotes à la peau blanche, c’est aussi parce qu’ils quittent la vie étudiante pour la vie active avec un désavantage de taille. En effet, 80% des étudiants afro-américains obtiennent un diplôme de fin de lycée, contre 90% pour les blancs. Cela s’explique essentiellement par le fait que les premiers ont quatre fois plus de chances de fréquenter des écoles dont moins de 60% des enseignants ont le niveau et les diplômes requis que les seconds. Et la ségrégation spatiale n’aide pas à réduire cet écart, en accentuant la reproduction sociale.
Ainsi, les inégalités dans le domaine éducatif couplées aux inégalités socio-économiques (qui en découlent partiellement) enferment les individus dans un cercle vicieux.
Pour compléter ce tableau, l’espérance de vie des afro-américains est nettement inférieure à celle des blancs, du fait notamment d’un taux de pauvreté plus élevé. Ainsi donc, l’espérance de vie moyenne des blancs est de 79 ans contre 75 ans pour les noirs américains.
Le pseudo rêve américain a donc exclu toute une partie de la population. Ainsi, l’ami Sam ne nous a pas dit toute la vérité, ce qui est maintenant fait…
God Bless (White) America !