Marseille
Le procès de la rue d’Aubagne : symbole de l’habitat insalubre à Marseille

Le procès de la rue d’Aubagne : symbole de l’habitat insalubre à Marseille

Six ans après l’effondrement des 63 et 65 rue d’Aubagne en 2018, un procès de six semaines a débuté le 7 novembre.

Effondrement de la rue d’Aubagne, le drame d’une ville
Le 5 novembre 2018, à 9h05, deux immeubles de la rue d’Aubagne à Noailles s’effondrent, provoquant la mort de 8 personnes retrouvées par les pompiers les jours suivants. L’immeuble du n°63 étant non occupé, il n’y a aucune victime. Par contre, les cadavres des locataires du 65 et de leurs amis sont récupérés sous les décombres.

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Une crise depuis six ans
Accentuée par les fortes pluies des jours précédents, la cause principale de l’écroulement reste le manque d’entretien de ces immeubles par les propriétaires et leur non respect de la réglementation sur le logement.

Le drame révèle aussi les dysfonctionnements des services de la ville et de la métropole qui, malgré les alertes reçues depuis 2015, n’ont pas réagi et n’ont pas su voir l’ampleur du problème.

Cet événement tragique a provoqué une crise, révélant l’étendue catastrophique de l’habitat indigne dans la ville. Ainsi, depuis six ans, des milliers de personnes ont été évacuées pour risque d’effondrement par la mairie, principalement dans le centre ville.

Illustration réalisée par Numa, illustrateur du journal

Un procès symbolique
Six ans après, les Marseillais et les habitants du quartier restent très marqués par cet événement. La place Homère a même été renommée place du 5 novembre par le collectif des habitants de Noailles.

Seize prévenus dont douze personnes physiques et quatre sociétés seront amenés à s’expliquer devant le juge sur ce qui a été négligé et pourquoi les nombreuses alertes lancées par les habitants de l’immeuble durant les mois précédant l’effondrement ont été ignorées. Un ex- adjoint à la mairie, un architecte, le syndic de copropriété de l’immeuble et la société d’économie mixte Marseille Habitat seront jugés pour homicides et blessures involontaire.

Quant aux parties civiles, 87 personnes sont appelées à la barre, des familles des victimes, mais aussi des habitants du quartier pour essayer de comprendre les raisons de ce drame.

Une des interrogations majeures de cette affaire est : comment des ingénieurs, dans le cadre d’une procédure urgente de péril grave et imminente, ont-ils pu livrer une autorisation le 18 octobre 2018 à réintégrer l’immeuble du 65 rue d’Aubagne dans la journée alors que moins de deux semaines après les immeubles s’effondraient ?

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Quelle politique face au logement indigne ?
Malgré l’effet percutant de l’affaire depuis 2018, de nombreux logements à Marseille restent encore dans des états indécents : moisissures, champignons, fissures, infiltrations d’eau…

On peut se demander si le procès, outre de rendre justice aux victimes, permettra une prise de conscience des pouvoirs publics et des bailleurs et amènera une politique plus ferme, à l’échelle de la gravité de la situation.

Le procès se déroule depuis le 7 novembre 2024 et le verdict devrait être rendu la semaine suivant la fin du procès, donc aux alentours du 25 décembre.


Pour suivre les avancées du procès et aller plus loin :