Quand sécurité ne rime pas avec liberté de circuler

Dossier spécial sur les médiateurs aux abords du lycée : Qui sont-ils? Que font-ils? Pour qui sont-ils là et pour quoi? (1)

Nous ouvrons un dossier thématique sur le rôle et la mission des médiateurs devant le lycée. Plusieurs articles sont en préparation. Voici notre premier article.

Point de vue d’un lycéen:

Depuis la rentrée, ils guettent aux abords de notre établissement, scrutent nos moindres faits  et gestes après des heures de cours épuisantes. Mais leur rôle demeure méconnu et leur efficacité incertaine : ce sont les médiateurs des collèges (financés par le Conseil Général des Bouches-du-Rhône).

Leur intervention sur la place du lycée pose un certain nombre de questions. Par exemple, quelle est leur légitimité pour disperser les élèves stagnant autour de l’établissement en début de soirée (vers 17h) ? En effet, cet ordre de dispersion semble être du ressort de la police municipale, nationale, ou de la gendarmerie, plutôt que de médiateurs mandatés par le Conseil Général. Et finalement, sont-ils vraiment habilités à intervenir auprès des lycéens, alors que leur rôle se fait auprès des collégiens ?
Cependant, ce flou juridique ne relève pas de leur responsabilité première, mais bien de celle des décideurs politiques, qui ont mis en place ce dispositif et qui les emploient.

De plus, la volonté de dissiper les « foules », qui sont parfois synonymes de rixes ou de trafics, n’est pas à blâmer. Toutefois, la probabilité pour que cet acte empêche ces activités est infime. Le problème est simplement déplacé de plusieurs dizaines de mètres.

Enfin, les options d’un médiateur face à une bagarre sont limitées. Une intervention volontariste est possible, mais les protagonistes peuvent la refuser. Aussi, les médiateurs ne peuvent sanctionner les acteurs d’un trafic quelconque : ils peuvent simplement le dénoncer (tout comme n’importe qui).
Le département, avec les médiateurs, signe donc un système dont l’efficacité est discutable. Surtout, ne bafoue-t-il pas l’une de nos libertés fondamentales (la liberté de circulation) énoncée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ? Aussi, vous êtes invités, chers lecteurs, à profiter comme vous y avez droit, de cette belle place du lycée Thiers et de ses platanes asphyxiés par la pollution même entre 17h et 18h.”

Samuel Imbert-Vier

1  Source : http://www.provenceducation.com/?p=17903