Littérature
Laura Vazquez: “soigner sa relation avec l’écriture”

Laura Vazquez: “soigner sa relation avec l’écriture”

A l’occasion de sa venue au lycée Thiers le 17 décembre 2021 pour un atelier d’écriture poétique en seconde, en partenariat avec le Centre International de Poésie de Marseille (CIPM), Laura Vazquez, poétesse et romancière, autrice d’un premier roman publié en septembre 2021, a bien voulu répondre aux questions de La Terre en Thiers. Petite interview et quelques conseils d’écriture …

Laura Vazquez

LTET: Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

LV: Je m’appelle Laura Vasquez, j’habite à Marseille et j’écris des livres de poésie mais aussi des romans.

LTET: Quel a été votre parcours ? 

LV: J’ai commencé à écrire assez petite, j’aimais bien écrire, puis j’ai continué. Ensuite, j’ai publié de la poésie, des poèmes dans des revues, et un peu dans mon blog. C’est généralement de cette manière que les poètes commencent à publier leurs poèmes. Après cela, j’ai écrit un premier livre qui a obtenu un prix (Prix de la vocation en 2014 pour le recueil La Main de la main, publié au Cheyne), ce qui a permis de me donner une certaine visibilité. A partir de ce moment, j’ai fait beaucoup de lectures, j’ai écrit d’autres livres et cette année, j’ai publié un premier roman sur lequel j’ai travaillé pendant plusieurs années.

LTET: Vous êtes née en 1986, vous êtes jeune et vous êtes une femme. Est-ce que le fait de l’être vous a valu des remarques ou des difficultés quand vous avez commencé?

LV: Des difficultés, je ne sais pas. Peut être pas directement, parce qu’il y a assez peu de femmes dans le milieu littéraire. Il n’y a pas trop de barrières mais des remarques, énormément. Et cela, dès le départ. Mais par contre, les choses évoluent et il y en a de moins en moins.

LTET: Vous avez gagné en notoriété ?

LV: Je ne sais pas. Mais peut être est-ce dû au fait que dans la société, les choses évoluent. Les remarques que les hommes pouvaient se permettre il y a 10 ans de manière complètement impunie et sans aucune honte, passent un peu moins aujourd’hui. Les paroles sont plus modérées. Et puis, par exemple sur les programmations, lorsqu’il y a des festivals de littérature, les organisateur.e.s seraient un peu gêné.e.s de n’inviter que des hommes. Tandis que lorsque j’ai commencé, c’était quelque chose de très courant.

LTET: Quel est l’ouvrage que vous avez préféré écrire et pourquoi ?

LV: Le livre que j’ai préféré écrire est le dernier, La semaine perpétuelle, parce qu’il m’a beaucoup appris. J’ai dû apprendre beaucoup, pour écrire ce livre et j’ai l’impression qu’il m’a transformé. Il m’a donné confiance en l’écriture. Avant, j’en avais peur. Je redoutais que ça ne se passe pas bien.

La Semaine Perpétuelle, premier roman, prix Wepler en 2021

LTET: Qu’est ce qui vous a inspiré pour son écriture?

LV: Beaucoup de choses : des livres, des vidéos YouTube, des posts divers que j’ai pu voir, des films, des personnes autour de moi… bref un mélange.

LTET: D’ailleurs, vous avez dédicacé votre livre à un certain “Patato”, est ce que vous pouvez nous en dire plus? 

LV: Alors Patato, c’est une chatte avec laquelle je vis depuis déjà 14 ans. C’est comme une personne. C’est un animal qui m’a beaucoup accompagnée dans l’écriture de mon livre et qui, à sa manière, m’a soutenue. Je tenais à la remercier. Le rapport que j’ai avec elle est un rapport qui m’inspire beaucoup pour écrire. Avec un animal, souvent, on n’a pas d’attentes. On attend pas par exemple qu’il nous donne quelque chose, qu’il nous réponde ou qu’il ait les mêmes opinions que nous. Je pense que pour écrire, c’est la même chose. Il faudrait réussir à ne pas avoir d’attentes envers le texte donc j’ai voulu remercier Patato de m’avoir appris cela.

LTET: Dans votre livre, le personnage principal  rencontre son meilleur ami sur internet. Qu’est ce que vous pensez des nouvelles formes de relations qui ont été créées avec l’arrivée d’internet?

LV: Cela nous rend peut-être par endroits moins solitaires et dans d’autres davantage. Le rapport à la réalité, aux autres, à l’apparence paraît encore plus étrange. Il y a un dédoublement de l’image. Parfois, l’adéquation entre ce qu’on imagine, ce qu’on voit et ce qui est, nous trouble. Ce genre d’émotions m’intéressait beaucoup pour l’écriture.

La revue de Laura Vazquez, Muscle

LTET: Pour finir, qu’est ce que vous conseilleriez à une jeune personne qui voudrait se lancer dans l’écriture?

LV: D’abord, je l’inviterais à lire jusqu’à avoir envie d’écrire à son tour, pour que la lecture déclenche cette envie. Ensuite, je lui conseillerais de ne pas juger ses propres textes, en les considérant comme bons ou mauvais. Il s’agit plutôt de soigner sa relation avec le texte. J’ai mis beaucoup de temps à l’apprendre et à dépasser ce blocage. J’écrivais avec une sorte de souffrance, beaucoup d’attentes, de frustration. Puis, j’ai changé mon rapport et mon écriture a pris une autre tournure, une autre ampleur.

Interview réalisée par Flora et Fatimati

Présentation de l’auteur:

 

Bibliographie

La semaine perpétuelle, Éditions du Sous-sol, 2021 (Prix Wepler)
Défense et illustration de rien, Éditions Derrière la salle de bains, 2020
Astropoèmes, avec Arno Calleja, L’arbre à paroles, 2018, Astropoemes
Le signe vertical, Maison Dagoit, 2017
Oui., Plaine page, 2016
Menace, Derrière la salle de bains, 2015
La main de la main, Cheyne, 2014 (Prix de la vocation)
Le système naturel et simplifié, Derrière la salle de bains, 2014
À chaque fois, Derrière la salle de bains, 2014

Où retrouver le travail de Laura Vazquez?

 

Des émissions et des articles critiques: