Littérature
A propos de La Horde du ContreVent

A propos de La Horde du ContreVent

Le roman d’Alain Damasio est une perle rare. L’histoire : une élite formée dans sa plus tendre enfance à contrer le vent remonte une terre balayée par les souffles.

La Horde du Contrevent
La Horde du Contrevent

Ils sont vingt-trois : ailiers, piliers, scribe, guérisseur… Un pack de courage, la 34ème Horde du Contrevent. 34ème, car ils font suite à 33 générations d’échec.

Alors que les vents dictent inlassablement leurs lois sur le monde, la Horde « remonde » inlassablement, partie de l’Extrême-Aval à la recherche d’un Extrême-Amont encore jamais atteint. Trente ans de contre incessant, dont plus d’une décennie à suivre nos héros. Mais loin des héros habituels, le lecteur fait face à des êtres qui se caractérisent par leur imperfection, apprivoisée ou sauvage.

Golgoth, le traceur inébranlable, aussi solide et dépourvu d’empathie qu’un roc, Erg, le protecteur qui n’a que lui sur qui compter, le macaque, Sov, le scribe sage, parfois trop, Oroshi, l’aéromaîtresse, celle qui lit le vent… Mais s’il y a bien un personnage qui incarne le style de Damasio, c’est Caracole : poète, fou, troubadour, il inspire ses compagnons, trouve pour tous le courage d’avancer, après s’être fait arracher par un furvent.

S’attaquer à Damasio aujourd’hui, c’est s’attaquer à un auteur applaudi par la critique de science-fiction. Parue en 2004, La Horde du Contrevent a reçu de nombreux prix. Mais plus qu’un livre, c’est un « objet-livre », paru chez La Volte avec une bande originale de livre. Alors, au début, le lecteur averti par tant d’éloges cherche. Il cherche à piéger cet auteur dont le style est si déstabilisant, si nouveau. Le roman, numéroté tel un compte à rebours – on débute à la page 701 – alterne les points de vue des vingt-trois hordiers. Et il y a largement de quoi s’y perdre. Pourtant, vite les caractères étranges représentant les personnages nous deviennent familiers et la lecture se fluidifie. Lire Damasio, c’est donc s’approprier une œuvre surprenante, nouvelle.

Mais lire Damasio, c’est surtout se faire lecteur, activement, et non pas de façon passive.

La Horde du Contrevent, Alain Damasio, Gallimard, Folio SF, 2015, 11 euros bientôt au CDI