Entre méga-bassines et méga-sécheresses
Méga-Sécheresses
Aujourd’hui les dirigeants du monde doivent faire face à des sécheresses de plus en plus importantes. Les conséquences de ces événements extrêmes sont multiples et personne n’est épargné. Pour ne citer que la France, elle a été l’été dernier témoin de nombreuses vagues d’incendies (dans la Gironde par exemple), et a connu des températures relativement hautes, pouvant causer de nombreux problèmes de santé.
Nous nous contenterons ici de faire un récapitulatif des mesures françaises prises face à la gestion de l’eau dans ces périodes de grande sécheresse. Le problème de l’eau est fondamental, car cette dernière est utilisée dans de nombreux domaines : l’agriculture, l’industrie, la consommation, la production d’énergie… En bref, la gestion de l’eau est un problème au cœur du fonctionnement du pays.
La stratégie du gouvernement français afin de faire face à la sécheresse a été majoritairement orientée vers un stockage de l’eau. Le principe est simple : afin d’éviter une pénurie d’eau durant les sécheresses, on récupère l’eau en hiver (lorsqu’elle est « abondante ») afin de l’utiliser en été. L’efficacité de ce procédé n’est toutefois pas si évidente : c’est un moyen théorique de se doter d’une certaine assurance-sécheresse pour l’été, mais à quel prix ?
En effet les différents moyens de stockage de l’eau sont très coûteux. De plus, des stockages comme les bassines à ciel ouvert entraînent une importante perte d’eau par évaporation.
Un autre problème avec le stockage de l’eau est qu’il entrave le déroulement du cycle naturel de l’eau. En effet, en vidant des nappes phréatiques de leur eau, on empêche certaines rivières d’irriguer d’autres zones. La question est donc celle du juste équilibre entre l’eau que l’on stocke et l’eau qui va poursuivre son cycle naturel. Un autre point important à considérer est la politique de partage équitable de l’eau entre les différents groupes d’individus.
Il serait donc important de ne pas s’engager dans un cercle vicieux où un gouvernement s’empresserait de prendre des décisions rapides afin de rassurer la population avec des mesures « concrètes », et où une opposition s’indignerait ensuite, exigeant la révision immédiate des décisions gouvernementales.
L’avenir est certainement dans une prise de recul face à la situation afin de se concentrer sur la réflexion et la considération de tout les facteurs entrant dans la gestion de l’eau et dans sa distribution, et cette même réflexion est nécessaire pour toute décision rationnelle à une échelle étatique.
Méga-Bassines
Comme nous venons de le dire, l’eau, ressource essentielle pour l’agriculture devenue de plus en plus rare, en partie à cause du changement climatique, suscite aujourd’hui de nombreuses tensions. Les différents protagonistes mènent une véritable “guerre de l’eau douce”. Nous allons voir l’affrontement entre deux points de vue opposés autour de la question des méga-bassines : d’un côté les manifestants anti-bassines et de l’autre les pro-bassines. Nous nous pencherons en particulier sur le chantier de la méga-bassine de Sainte Soline.
D’un côté, les manifestants dénoncent un accaparement de l’eau, soutenu par l’État, au profit d’une minorité, seulement 5% de la totalité des agriculteurs français. Les manifestants considèrent le projet d’une incohérence absolue autant au niveau écologique que social. D’après eux, le modèle des méga-bassines est un modèle d’agrobusiness c’est à dire productiviste.
De l’autre côté, les pro-bassines revendiquent un modèle de réservoir qui constitue pour eux ,une réponse adaptée aux sécheresses. D’après eux, l’eau qui file en hiver est perdue et file directement dans la mer. Les méga-bassines permettraient d’éviter les pertes d’eaux en prélevant l’eau en hiver afin de réduire les volumes soustraits à l’environnement pendant les périodes chaudes. Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles les méga-bassines servaient donc une solution efficace pour l’agriculture.
En réalité les méga-bassines apportent plus de problèmes que de solutions. D’après Christian Amblard directeur de Recherche Honoraire au CNRS : les méga-bassines sont un triple échec à la fois économique, social et environnemental. D’après lui : « Si l’on est vraiment soucieux de l’avenir de l’agriculture, ce n’est pas la création de méga-bassines qui est importante, mais bien de retenir l’eau dans les terres en mettant en place des pratiques d’agroécologie et d’agroforesterie pour avoir une transition rapide et économe en eau et saine pour l’environnement et la santé humaine. »
Il vaudrait donc mieux stopper cette méga-folie, et se concentrer sur la multitude d’autres méga-problèmes qui risquent d’arriver prochainement.