2022 : Rediff de 2017 ou panne démocratique ?
Entre le 10 et le 24 avril 2022, lors de l’entre-deux tours présidentiel, la France a vécu la même timeline qu’en 2017. Il semblerait que les Français aient un sinistre faible pour les duels entre mégalomanie et populisme. Retour vers le futur, ou arnaque politique ? En tous cas, celle qui progresse et ne se fait pas prier, c’est l’abstention. Alors que les mélenchonnistes se lamentaient sur les réseaux sociaux, presque hors du monde, un autre drame se jouait. La baraque République était menacée par les flammes de l’intolérance, et Macron demandait encore une fois aux citoyens de lui prêter le tuyau d’arrosage. Et le scénario catastrophe ressemble un peu trop à notre dernière présidentielle. Mais peut-on encore dire « notre » ? L’élection ne nous aurait-elle pas été volée ?
Car, contrairement au précédent suffrage, ce n’est pas une dynamique volontariste qui a (r)amené l’Emmanuel au pouvoir. Ce vote était cette fois bien par défaut, en témoignent la majorité étriquée obtenue par notre sauveur national, et les résultats en demi-teinte de son alliance aux législatives. L’abstention est à ajouter au tableau qui dépeint la popularité de Macron, en berne, malgré de belles tentatives de recueil de votes. Gratter l’amitié ne lui sied pas au teint.
Dès lors, l’élection de 2022, bien que très ressemblante à celle de 2017, n’en est pas le bis repetita exact, mais une version évoluée, cauchemardesque. Les 58.6% au deuxième tour de la présidentielle ne font qu’un pâle barrage républicain, qui semble désespérément brisé.
Néanmoins, les têtes d’affiche de ce second tour sont révélatrices d’une réalité. L’extrême-droite est une sourde menace dans nos sociétés, plus si sourde que ça. Si sa présence en 2017 au second tour inquiète, en 2022, elle angoisse. Et une question se pose : en deux élections, comment les électeurs de gauche ont-ils pu avoir voix au chapitre, pour un choix déterminant la vie du pays pour les 5 ans à venir ? Il semblerait en effet que le choix se situe entre la folie de la start up nation, et celle de la violence extrême. Le choix politique est donc extrêmement restreint, et tout un pan de la population ne se retrouve pas dans les deux « finalistes ».
Quelle place réserve la politique d’hier, d’aujourd’hui, et de demain aux gauches politiques ? Que deviendra le barrage à l’extrême-droite une fois Macron évaporé ?
Par Camille