Dessin à la une
DES DESSINS POUR NE PAS CONSENTIR

DES DESSINS POUR NE PAS CONSENTIR

Tel était l’un des thèmes d’articles proposé parmi une dizaine lors du 11e festival Expresso de la presse jeune, réuni à Paris du 16 au 17 mai 2015. Six rédacteurs du journal « La Terre en Thiers » ont relevé le défi de réaliser un numéro spécial de leur journal sur place dans les conditions du direct sur des sujets qui tombaient de 16h le samedi après midi à 7h le dimanche matin. Après un bug informatique, il fut difficile de boucler. Mais, il reste quelques bonnes feuilles et bons dessins. Voici ceux de Julie qui a suivi la conférence sur le dessin de presse:

La sagesse populaire nous apprend qu’«un dessin vaut souvent mieux qu’un long discours». C’est de cette idée que sont partis les quatre intervenants du débat organisé par Reporter Sans Frontière dans le cadre du festival Expresso. Parmi eux, deux journalistes caricaturistes, le français Placide, collaborateur de nombreux journaux régionaux et de la revue Historia et l’iranien Kianoushe Ramezani, travaillant à cheval entre la France et Courrier International et les journaux iraniens opposants au régime islamique. Epaulés par deux membres de l’organisation, ils ont réagi sur un thème tout à fait d’actualité : la liberté d’expression et le rôle des caricaturistes dans la presse actuelle.

 

Dessin réalisé par Julie à Expresso 2015
Dessin réalisé par Julie à Expresso 2015

Le pouvoir de la caricature, comme on nous l’explique, réside en cela qu’elle se suffit à elle-même et permet un éclairage de l’actualité en un clin d’oeil grâce à différents moyens de mise en forme : symbolique, références, humour noir, voir éléments choquants… La caricature n’est en définitive pas un dessin de presse comme les autres. C’est un coup d’oeil qui raconte une histoire.

Ainsi le caricaturiste n’est pas non plus un journaliste comme les autres. Souvent déconsidéré par rapport à son confrère rédacteur, on pourrait le définir comme une espèce en voie de disparition du fait des difficultés financières de nombreux journaux. Ainsi on apprend que ces journalistes et artistes érigés en symboles de la liberté après les attentats de Charlie Hebdo tendent à se faire de plus en plus rares dans les rédactions.

Mais, dessiner reviendrait-il à être libre ? Apparemment oui. Ou du moins, dessiner serait synonyme de démocratie si l’on en croit Plantu, qui fait de la santé des dessinateurs de presse le baromètre de la démocratie dans le monde. En effet, il semble que Placide soit moins poursuivi en France pour ses dessins que Kianoushe en Iran.

Pour autant, les deux caricaturistes ne définissent pas leur travail comme étant militant et se décrivent plutôt comme des fous du Roi qui cherchent plutôt à faire rire qu’à être des directeurs de conscience (cf. Pierre Kroll). Pour autant, cet humour déplaît, parfois au point de dégénérer : harcèlement, menaces de mort, fatwa… Continuer à exercer dans ces conditions peut paraître déraisonnable. C’est ici que Kianoushe nous apprend que le seul véritable militantisme du dessin de presse consiste par nature à s’opposer fermement à toute forme de censure et toute forme d’obscurantisme.