Littérature
A propos du roman graphique: La Bombe

A propos du roman graphique: La Bombe

Hiroshima, 6 août 1945. Un bombardier américain largue une bombe nucléaire sur la ville japonaise dont le nom sera désormais associé à l’horreur de la guerre et à la folie humaine : Hiroshima. Mais peut-on vraiment parler de folie ?

Les auteurs Alcante, Laurent-Frédéric Bollée et le dessinateur Denis Rodier racontent précisément le contraire dans La Bombe, roman graphique de 453 pages multi-primé, dont le narrateur n’est autre qu’un élément chimique : l’uranium.

C’est à travers sa voix, qu’Alcante et Bollée nous présentent leurs personnages, des scientifiques européens et américains réunis dans les années 30 et 40 dans une course contre la montre pour créer la bombe nucléaire avant les puissances ennemies, le Japon et l’Allemagne, mais aussi avant la grande puissance concurrente, l’URSS.

© Glénat

C’est aussi grâce à différents points de vue que nous allons appréhender cette histoire : à travers celui des scientifiques, mais aussi ceux d’un citoyen japonais, d’un espion, d’un kamikaze, de soldats américains et même celui du président Truman.

Aucun détail n’est négligé et c’est ce qui rend cette BD captivante.

Le récit, à l’image des dessins en noir et blanc particulièrement réalistes, démontre une précision historique impressionnante.

La taille du roman graphique (453 pages) pourrait effrayer, d’autant plus que certains passages sont dédiés à des explications scientifiques qui pourraient être a priori ennuyeuses pour les personnes plus littéraires que scientifiques (telle que l’auteur de cet article). Mais il n’en est rien. On se plonge dans cette BD comme si c’était un film car l’histoire est fluide, le portrait des protagonistes extrêmement précis et les dessins nous emportent dans l’action.

La Bombe est le récit d’une des plus grandes atrocités du vingtième siècle. Et il est sidérant de constater à quel point le progrès scientifique échappe parfois aux savants au profit d’enjeux géopolitiques. Le fait que la bombe soit la narratrice permet cependant de mettre de la distance entre les points de vue et d’appréhender l’histoire avec une perspective relativement neutre.

En conclusion, la lecture de cette BD est vivement conseillée. Sa précision historique nous apprend beaucoup, sur le nucléaire certes, mais surtout sur l’Homme.

———————————————————————————————-

La Bombe, scénario d’Alcante et Laurent-Frédéric Bollée, dessin de Denis Rodier, édition Glénat, paru en mars 2020, 39€.

A lire ou à emprunter au CDI !

Prix Cases d’Histoire 2020
Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise 2020
Grand Prix des Galons de la BD 2021, organisé par le Ministère des Armées