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Star Wars VII, chef d’œuvre ou déception ?

Star Wars VII, chef d’œuvre ou déception ?

Le débat fait rage chez les spectateurs. Star Wars VII, le dernier film en date de la saga galactique, a suscité autant d’acclamations que de critiques, des fans et du grand public. Qu’en est-il vraiment de la qualité du film ? Jeremy et Timothée en discutent.

Timothée : Je commence avec la base Starkiller. C’est le nouveau joujou du nouvel Empire qui a un nouveau méchant général : c’est juste une nouvelle étoile de la mort, comme on en a vu dans Star Wars IV et Star Wars VI, sans rien de nouveau. Qui plus est, cette nouvelle planète est encore plus vulnérable que la précédente. Ça montre un certain manque de créativité de la part de Abrams (N.B.: le réalisateur et scénariste) et de Disney…

Jeremy : Oui, mais Starkiller est bien plus puissante que l’étoile noire. Non seulement par sa force purement physique, mais aussi symbolique : elle détruit au milieu du film la planète Coruscant, capitale de la galaxie. C’est un signe envoyé par ce nouvel empire à la civilisation.
Certes, Starkiller a été détruite facilement, mais c’est le grand spectacle que procure sa destruction finale, en un sens bien plus impressionnant que la destruction de l’étoile noire de SW IV, qui la rend super et bien plus qu’acceptable, à mon point de vue.

T : En effet, sa puissance est symbolique. Mais, il n’en reste pas moins qu’Abrams aurait du varier pour éviter de faire une répétition avec SW IV et SW VI. Star Wars I, II et III ont beau être très critiqués, au moins, il n’y avait pas d’énième destruction d’une nouvelle étoile supposée « indestructible ». Là, l’étoile apparaît, en gros sur l’affiche, et elle ne sert, finalement, pas à grand chose.

J : Et qu’as-tu pensé de Rey ?

T: Sans nier que c’est un bon personnage, Rey, c’est juste, est  typique d’une mauvaise fan-fiction. Elle sait tout faire : elle est une Jedi sans avoir eu d’entraînement, elle parle le wookie, elle maîtrise la Force comme ça, elle sait piloter le faucon millénium, elle sait hacker, etc.. Les personnages quasi-omnipotents sont intéressants dans un film – d’où le succès des films Superman d’ailleurs – mais là, c’est un peu trop poussé, étant donné qu’on la présentait comme une toute nouvelle héroïne qui allait devoir faire des efforts pour s’en tirer. A ce titre, je préfère de loin Luke, qui s’est pris une grosse raclée de la part de Vador dans le V, avant de s’entraîner et de le surpasser dans le VI. Et sur une note plus personnelle, je préférais quand c’était les Skywalker, les personnages principaux, car ils représentaient le « tronc » logique de la série.

J : Rey n’est pas plus stéréotypée que Luke ou Anakin. En fait, tous ces personnages sont issus du schéma établi par Joseph Campbell dans The Hero with a Thousand Face : c’est toujours une jeune personne, sortie de nulle part, qui part à l’aventure afin de grandir. De là viennent leurs ressemblances, mais aussi leurs différences : Rey, elle, n’a pas de point d’attache heureux dans son enfance, contrairement à ses deux illustres prédécesseurs. Il lui faut des qualités innées (parler le wookie, maîtriser la Force, le sabre-laser…) pour en faire un personnage intéressant.

T : Un personnage intéressant, mais tellement prévisible. En étant surpuissante, elle ne fait que décevoir : c’est bien, parfois, de voir le héros se rater. C’est ce qui est magistralement mis en scène dans Star Wars IV et V, et ce n’est que dans le VI que Luke triomphe ; là, c’est trop facile…
Le schéma en lui-même ne me dérange pas, tous les bildungsroman sont schématisés ainsi. C’est la surutilisation des pouvoirs de Rey qui dérange. Mais peut-être juge-t-on trop vite, et tous ces pouvoirs seront expliqués par une ascendance à un personnage des précédents films…
Ceci mis à part, tu ne trouves pas que Star Wars VII ressemble trop à Star Wars IV ? On a déjà parlé de la base Starkiller, mais il y a tout le reste aussi.

J : On ne va pas nier qu’il y a des ressemblances, il y en a, c’est certain. Mais c’est le schéma narratif-même de Star Wars qui veut ça, toutes les trilogies (films, livres ou BD) commencent de la même manière, et ensuite prennent des chemins différents. Ce qui compte dans Star Wars VII pour le différencier de SW IV, c’est son fond : ce film est l’histoire de renaissances : renaissance de la Force, renaissance des Jedi, renaissance de l’Empire, et renaissance du côté obscur ; tandis que dans SW IV, l’histoire commence in medias res, c’est-à-dire au beau milieu d’un contexte géopolitique déjà complexe, et raconte le début et la fin de l’Empire.

T : C’est vrai, d’autant plus que la seule trilogie qui a tenté de faire quelque chose de nouveau, c’est la trilogie de 1999-2005 (Star Wars I-III), et elle s’est misérablement ratée. Mais Star Wars VII commence aussi in medias res du moment qu’on n’a pas acheté les produits dérivés que Disney veut nous vendre : le texte défilant du début n’explique presque pas comment est né le Nouvel Ordre (N.B. : le nouvel Empire), et quelle est la situation géopolitique actuelle.
Mais autant fan qu’on soit, la lassitude ne commence-t-elle pas à s’installer, avec toujours le héros qui est sur une planète désertique, le petit robot mignon qu’il ou elle rencontre par hasard, la fuite du lieu de naissance, la rencontre du mentor, la guerre où le héros fait ses preuves, etc. ?

J : En effet. Mais c’était probablement la chose la plus sûre à faire pour Abrams : sur lui pesaient les attentes de millions de fans à travers le monde (qu’il n’a pas déçu, Star Wars est dans le top 3 des plus gros box-offices de tous les temps) et de Disney, qui voulait rentabiliser son rachat de la licence Star Wars (4 milliards de dollars, ça coûte).

T : C’est ça. Toutefois, c’est bien dommage d’étouffer la créativité d’un scénariste pour convenir à des attentes économiques.
On a évoqué Star Wars I, II et III (1999, 2002, 2005) plus haut. Qu’est-ce que tu as pensé des batailles au sabre-laser dans Star VII, comparées à celles des Star Wars de l’an 2000 ?

J : J’ai trouvé les combats très bien réalisés, il suffit de voir le duel Kylo Ren vs. Rey. Mais après, les combats sont moins impressionnants que dans les films des années 2000, probablement parce que les personnages sont plus jeunes et moins entraînés. Ça n’aurait pas de sens de faire dans Star Wars VII, alors que Rey a touché un sabre-laser pour la première fois de sa vie, un combat épique du type Anakin vs. Obi-Wan (Star Wars III).

T: Je pense de même, mais j’émets une réserve sur la raison pour laquelle le combat final semble moins impressionnant que ceux de la première trilogie. Afin de rendre aux sabres-laser leur aspect originel (c’est-à-dire des armes assez compliquées à manier à cause de leur poids), les acteurs devaient utiliser des sabres en métal, très lourds, et durs à manier. Ça explique le sentiment de « lourdeur » des combats au sabre : on dirait qu’ils se battent avec des battes de base-ball, plus qu’avec les sabres qu’on voyait dans la trilogie des années 2000.