Débats, luttes & polémiques
Mais que se passe t-il à la Plaine ?

Mais que se passe t-il à la Plaine ?

Depuis l’automne 2018, les travaux de rénovation de la Plaine ont commencé, malgré la colère d’une partie des habitants et habitués du quartier, qui se retrouvent au pied d’un mur de 390 000€. Retour sur ces évènements.

Photo extraite du site collaboratif d’infos et luttes à Marseille: https://mars-infos.org/la-plaine-semaine-4-3462

Comme vous l’aurez peut être remarqué, pas mal de choses se sont déroulées ces derniers temps sur la place Jean Jaurès plus communément appelée “ La Plaine”. Cette place est la plus grande de Marseille ( 2,5 hectares). Afin de bien comprendre les événements, il est nécessaire de remonter un petit peu en arrière.

Qu’est ce que la Soleam  ?

En 2015, la Soleam (société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine) lance un projet de “ Rénovation” de la place Jean-Jaurès dans le cadre de l’opération « Grand centre-ville ». Cette mission est conduite dans le cadre de la concession d’aménagement qui a été  confiée à la SOLEAM par la ville de Marseille le 21 janvier 2011.

L’appel d’offres est remporté par le projet de l’agence APS basée à Valence. Elle est dirigée par Jean-Louis Kindel, un paysagiste.

Des ateliers de concertation avec les habitants sur l’aménagement de la place ont lieu.
Mais ils ne satisfont pas une grande partie des usagers de la Plaine qui créent l’Assemblée de la Plaine.
Celle-ci entre en conflit avec la Soleam bien sûr mais aussi, dans une certaine mesure, avec l’association des Riverains de la Plaine.

Une image de la place rénovée sur le site de la Soleam

Les travaux sont censés commencer début septembre 2018, ils ne débutent finalement que le 16 octobre.

La Résistance au projet

Au cours du mois de septembre, avant le début du chantier, les forains du marché de la Plaine bloquent à plusieurs reprises certains endroits de la ville, notamment le rond-point du Prado et les accès routiers menant à la foire de Marseille. Ils protestent contre leur délocalisation durant la période des travaux, ce qui risque de leur faire perdre de la clientèle. Ils redoutent la réduction des places attribuées au marché prévue dans le nouveau projet .

Des usagers de la Plaine hostiles au projet se réunissent chaque soir sur le terrain de boules au centre de la place, certains réfléchissent à un projet alternatif, d’autres sont juste dans la contestation d’un projet dans lequel ils ne se retrouvent pas .
Débats, discussions enflammées autour de braseros jusque tard dans la nuit. Certains dorment même dans une construction éphémère inspirée de la ZAD de Notre Dame des Landes.
Cette occupation de la place vise à empêcher le démarrage du chantier.
Occupation qui devient radicale notamment en tentant de saboter les premiers tractopelles qui débarquent.

L’entrée en scène des forces de l’ordre

Pour assurer la sécurité de la mise en place du chantier, le 12 octobre, une dizaine de cars de CRS stationnent autour de la place. Ils y patrouillent durant quinze jours, de 6h à 19h créant un climat de tension et donnant lieu parfois à des affrontements entre opposants au projet et forces de l’ordre.
Le 16 octobre, les premiers arbres sont coupés sous les huées des manifestants, certains s’accrochant même aux branches et aux troncs.
Ce massacre des arbres attise la colère des manifestants et entraîne une paralysie complète des travaux.

La Plaine fait le mur

Le 1er novembre 2018 un mur en béton de 2,5 m de haut est érigé tout autour de la place empêchant l’accès à son centre, cette zone étant occupée par le chantier. Il engendre un surcoût de 390 000 € au budget initial qui était d’11 millions € selon la Soleam. Il est rapidement recouvert de tags et graffitis exprimant pour la plupart la désapprobation du projet et de cette construction.

DR – La place en travaux vue d’un logement

Ce mur est devenu célèbre au-delà de Marseille et à l’instar du mur de Berlin, on vient le tagger et le photographier.

A l’intérieur de la forteresse gardée jour et nuit par des gardiens et leurs chiens, les tractopelles, grues et camions se livrent à un ballet quotidien.

Encore deux ans pour une gestation mouvementée avant d’assister à la renaissance de la Plaine.